jeudi 19 mars 2009

Je me défoule sur Dexter, mais il le vaut bien.





Ca fait 10 ans que j’ai pas la télé, donc pour certains je passe pour un extra-terrestre. Donc je ne regarde pas les séries, enfin si, une seule, LOST, qui déchire sa race mais c’est un autre sujet… Sex and the city, nip tuck, heroes, les experts, sont autant de sujets de conversation auxquels je ne peux malheureusement pas participer, et pourtant régulièrement je ramène ma fraise en disant que les séries c’est pourri. « Un bon vieux films d’une heure et demi ou deux avec un début et une fin ne vaudra jamais une série !» On pourrait rajouter « bon sang » derrière tellement ça fait vieux jeu. Bon ; donc, j’ai profité d’avoir une tévé sous la main pendant une semaine pour me mater 6 épisodes de la première saison de Dexter, le dernier petit carton sériesque en date. On ouvre nos mirettes, bien grandes, sur une Floride plus kitch tu meurs. Les gars n’ont aucun style vestimentaire, ils ont du aller à la friperie qui stockait les fringues de la série Miami Vice. Mais surtout, comme dans toute série US qui se respecte, pas un gros à l’horizon alors que l’Etat de Floride est le champion pour la catégorie poids lourds. L’architecture est super naze bien sûr. Voilà pour le décor.

Bon le pitch on le découvre vite fait, vu que le héros nous le dit direct, vu que c’est le narrateur en voix OFF, et ça mon pote c’est pas original mais ça simplifie le boulot des scénaristes ! Et puis comme ça on est un peu son confident (youpi). Donc voilà le gentil héros qu’a une bonne gueule, et ben en fait c’est le méchant qui zigouille à tout va, qui éparpille façon puzzle ses victimes, comme un serial killer, mais en gentil, et puis surtout en vengeur masqué, car c’est son papa flic qui lui a suggéré tout de go alors que c’était encore un minot le Dexter, que, ben si il avait des envies de meurtres incontrôlables, autant tuer des méchants que la justice ne foudroie pas (qu’elle nique sa mère la justice, semble nous dire la figure paternelle alors qu’elle-même est sensée la représenter).

Donc bon, tout va bien, le pitch de la série est complètement schizo mais tout va bien. Pourquoi ça ? Et bien parce que les acteurs jouent super bien, et que c’est plutôt bien réalisé. Comme dans un film hollywoodien en fait. Y’a du budget, du talent, du supsens. Miam. Alors qu’est-ce qui cloche ?

Bon déjà le champs d’action du personnage est quand même super limité, donc j’imagine pas comment ça peut durer plus de 3 saisons grand max ce truc. Il zigouille, il se fait chopper, il va en taule merci au revoir. Ou alors il se tape la sentence suprême, la condamnation à mort. Bonne questions. Les ricains oseraient-ils montrer jusqu'au bout leur vrai visage ? Et puis avec un héros pareil, tupeux te lâcher sur l'humour noir, bien glauque, sordide. Et ben non, même pas, c'est au raz des paquerettes comme humour noir, bine dans les clous...

Non mais ce qui cloche vraiment c’est qu’à travers cette série, on nous vend quoi ? Une putin d’idéologie ultra-conservatrice américaine : comme un cow-boy à l’ancienne on te vend la vengeance à chaque épisode, et pas la petite vengeance hein, le mec n’envoie jamais au trou ses victimes, il les tue lui-même ! Ben oui comme ça le travail est bien fait, la justice nique sa mère quoi… Et puis ses victimes, ce sont tous de vrais affreux pas beaux qui méritent non seulement de périr mais en plus dans la douleur, car oui, il les torturent un peu (depuis 24h et guantanamo, la torture c’est à la mode). Donc on passe par tous les crimes impardonnables j’imagine (vu que j’ai vu que 6 épisodes), mais au bout de X saisons il va falloir en trouver des crimes mon pote ! Je retiens particulièrement cet épisode ou notre gentil Dexter dézingue un mec qui a eu maints accidents de voiture en état d’ivresse, avec à la clef quelques morts ou paraplégiques, et avec un bon avocat et sans aucun remords apparent, il s’en tire à chaque fois… Heu, moi ça me fait un peu flipper quand même qu’on puisse scénariser un truc pareil. Je me suis dit sur le coup j’étais un gros méchant en puissance à abattre.

Bon voilà, d’aucun diront que c’est une série, que tout le monde comprend que c’est de la fiction, qu’on est en France et qu’on a notre propre culture. Je ne vais pas me fatiguer à reproduire en beaucoup moins bien les théories de nombreux intellectuels qui ont démontré que l’industrie du cinéma hollywoodien était le gant de velours de l’impérialisme US, et tant pis pour vous si vous ne voyez pas ce lent lavage de cerveau qui est à l’œuvre. Je rejette avec ma vindicte toute personnelle (et confidentielle vu le peu de lecteurs de ce blog) ce puritanisme à peine caché qui transpire de cette série nauséabonde et liberticide. Bientôt vous serez à moitié d’accord avec la peine de mort pour les alcooliques au volant, assortie de torture, vous serez contre l’avortement, vous n’aurez plus aucune confiance en la justice de votre pays, vous vous habillerez très très mal, et vous rêverez d’aller en vacance à Miami. Beurk. Mais surtout, quand un jeune homme apparemment bien propre sur lui viendra vous aborder, vous vous demanderez si c’est pas un putin de serial killer, vous aurez peur quoi. C’est le but du jeu.

J’en reviens à LOST, mais rapidement car je suis fatigué de tapoter sur mon clavier. Ben c’est simple, dans LOST le décor c’est pas la Californie ou la Floride, c’est une île déserte. Les gens sont à moité à poil vu qu’ils se sont crachés. Y’a à peu près de toutes les nationalités… Donc en fait on remet les compteurs à zéro, on part d’une feuille blanche, pas de parasites culturo-idéologiques, et on part dans une mystification, une épopée digne du seigneur des anneaux (non mais presque) qui se sert allègrement dans les ressorts des plus grands contes. Parfait, on est paumés, on sait pas ou on va et on aime ça.

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